Mesures d’austérité au Portugal
Quelques jours après l’adoption d’un plan d’austérité en Irlande, le gouvernement lusitain a voté un budget 2011 amputé afin d’assainir drastiquement les finances du pays. L’objectif annoncé par le Ministre des Finances est de ramener le déficit public à 4,6% du PIB portugais d’ici fin 2011, contre 7,3% actuellement. Ainsi, le Portugal souhaite prendre le taureau par les cornes et espère éviter une situation de crise profonde comme celle qui touche la Grèce et l’Irlande, mais cela n’est tout de même toujours pas à écarter.
Les mesures prises s’apparentent à n’importe quel plan d’austérité. Elles comprennent la baisse des salaires dans la fonction publique d’environ 5%, le gel des pensions, une hausse de la TVA à 23% contre 21% actuellement, etc. L’agitation sociale au Portugal est par ailleurs très forte. Avec 10,9% de chômeurs dans le pays, les manifestations vont bon train, comme c’était le cas mercredi dernier où trois millions de Portugais défilaient dans les rues par exemple. De fait, le mécontentement à l’égard du gouvernement actuel s’accroit de jour en jour. Mais avec une perspective de croissance évaluée à seulement 0,2% pour 2011, le Portugal va devoir cravacher pour restaurer ses équilibres économiques, d’où l’adoption de ce budget par le gouvernement.
Pourtant, ces mesures n’ont rien de rassurant. Les marchés ont ressenti ce vote comme un signe que le Portugal pourrait être le troisième pays à demander une aide extérieure. La preuve en est que le taux des obligations d’Etat à dix ans tourne aujourd’hui autour de 7%, un triste record pour le Portugal depuis l’adoption de la monnaie unique. Mais à long terme, ce plan d’austérité devrait permettre au Portugal d’assainir sa situation et de retrouver la confiance des marchés. Le Premier Ministre portugais, José Socrates, annonçait d’ailleurs récemment : « J’ai confiance que l’adoption du budget de l’Etat permettra de contribuer à renforcer la confiance des marchés ».
Quelle peut être à long terme la viabilité de la zone euro dans un contexte où les Etats sombrent un à un dans une austérité profonde et des difficultés de financement ? L’Espagne, très impliquée dans l’économie de son voisin portugais, est déjà elle-aussi menacée. Or, la France, dont les banques sont déjà très impliquées en Grèce, est un élément indispensable à l’économie espagnole. Les Etats membres de l’UE, aidés de la BCE, peuvent-ils aider chaque pays en difficultés, où doivent-ils d’abord se concentrer sur leurs propres problèmes ? Espérons en tout cas qu’en surpassant ces désordres, la zone euro ressorte plus forte de ces déboires, mais pour le moment il faut avant tout trouver des solutions.